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Laurent SFAR, plasticien, vit et travaille à Paris.
La ville dApt ne lui est pas familière.
Appelé par Plakart à intervenir dans le projet "Lieux communs", quavait-il à dire sur cette ville ? Comment en un seul acte, la résumer ? ... Il la abordée du printemps à lhiver, heures claires et heures sombres. En quatre courts séjours.
Partant de recherches auprés dun historien, concernant les anciens noms des rues souvent liés à une activité ou à une situation particulière, il a tracé, dans le centre de la ville, un parcours reliant les lieux vivants aux lieux cachés.
APT A LA TACTIQUE
Etre "étranger" permet souvent une perception accrue de ce qui nous entoure : sans préjugés, ni arrière-pensées, sans repères subjectifs, en ouverture complète sur un extérieur à explorer. En toute liberté desprit : SAVOIR VOIR. La voir. Apt : en ville unique, avec la curiosité du regard. Simprégner des odeurs, de la couleur des pierres, laisser glisser ses yeux du long des toitures jusquaux pavés des rues. écouter les bruits qui laniment, ou qui la troublent, percevoir ses silences.
Se déplacer dans une ville signifie évidemment en parcourir les axes les plus empruntés, les rues marchandes dans la cohue du marché et les places où sont donnés les rendez-vous, parce qu on est sûrs de sy retrouver. Dautres lieux existent, moins voyants, à lécart des éclats, et les ruelles qui permettent dy accéder sont ignorées du passant pressé.
De ces lieux, discrets jusquau presque secret, Laurent Sfar a voulu nous parler. Il a appris a nommer chaque rue par son nom, demandant aide à René Bruni pour découvrir le passé qui les charge. Ces rues de notre ville, qui inscrivent dans leurs mémoires obscures le poids des pas et les chuchotements amoureux, se transformant au gré des saisons et des hommes, ces détentrices d intimes confidences, il a voulu nous en faire partager sa découverte. Rue de la Juiverie, rue de la Barre, rue Charivari, rue du Septier, ancienne rue des prostituées, ancienne rue des prisons, rue Chevalier Aude ... et là sest imposé le terme "APTINENCE", contenant dans un même mot la ville dans son entier. Apt, avec ses pleins et ses déliés, sa vie et ses vides, Apt la bruyante et Apt la muette. Pertinence et impertinence. Pour donner à "voir" ces histoires, il a choisi un "lien commun" connu de tous : les guirlandes de Noël, qui nous appellent à la fête de décembre, et il leur a offert une autre signifiance. Il a fait dun matériau banalisé, le support dune réflexion.
Qui dentre nous, passant dans létroitesse de la rue Saint Georges, serrant les coudes pour ne pas heurter les murs, ne voyant du ciel quun trait bleuté, ne sest pas inquiété de ces murs rapprochés, à lextrême limite de lenfermement ? Dans cette ruelle, aux murs remplis de graffitis, marqués par des cris rebelles et des épithètes rageurs, en toute sérénité, Laurent Sfar a écrit des mots dune évidence flagrante, avec clin doeil à lappui : "RASEZ LES MURS".
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