Par lenfermement dans une trop longue opposition entre modernisme et histoire, culture contemporaine et patrimoine sy sont meurtris. Par cette confrontation qui frise trop souvent le rejet ou laffrontement, la culture contemporaine, quelle soit élitiste ou de masse, bourgeoise ou populaire, a des difficultés à faire émerger ses qualités au regard de ses défauts, dans un amalgame acritique. Parallèlement, la culture traditionnelle ou historiciste va, par exemple, jusquà mettre au ban des périodes entières trop soupçonnées de déviation ou de modernité. On en serait presque à oublier quil ne peut y avoir culture contemporaine sans histoire ou Histoire sans contemporanéité.
La ville dApt , tout comme lensemble du Pays dApt, a accumulé, de sa création romaine à son abondance industrielle, un patrimoine historique et culturel dune richesse reconnue mais souvent méconnue. De cet ensemble, ou plutôt de ce quil en reste, soit par loubli ou lignorance, une infime partie nous apparaît au quotidien au regard de ce qui nous reste à découvrir.
Apt, daujourdhui, en filiation de son histoire, avec ses hauts et ses bas, existe et dispose aussi dun potentiel culturel et artistique important, reposant sur sa population, sédentaire ou de passage, avec ses envies, ses joies, ses peurs, ses mythes, en dautres termes, sa, ou plutôt, ses cultures.
Kant, Emmanuel de son prénom, soutient, dans sa Critique du jugement, que par beaux-arts, on entend un mode de représentation [...] qui [...] contribue à la culture des facultés de lesprit en vue de la sociabilité. Dans ce souci pacifiste, l association PLAKART, sétant donné comme pôle lart contemporain, se propose donc, même si ce semblant cuménique nest pas nouveau, de conjuguer les deux temps précédents. Sur trois années consécutives, appuyé sur lédition aléatoire de son journal, PLAKART programmera des interventions dartistes en vue de la découverte dAPT, de son histoire, de son patrimoine, de son présent ou de son futur.
1998 : un fil de craie bleue.
A limage du devin qui traça le Cardo et le Decumanus fondateurs dAPTA JULIA, deux artistes, Curt ASKER et Laurent SFAR sont invités à dérouler le fil de leurs impressions comme tracé régulateur des découvertes futures. Outre leurs uvres et des contacts avec le milieu scolaire ou le grand public, un suivi déchanges et dinformations sera établi via la revue de lassociation ou dévénements intermédiaires.
1999 : les petits cailloux.
Reprenant le canevas ébauché par leurs prédécesseurs, plusieurs intervenants mettront à contribution leur art (Philippe Cottenceau, Michèle Gignoux, Samuel La Roze, Jean-Daniel Berclaz) pour nous faire découvrir, voire redécouvrir pour certains, des lieux, des impressions, des ambiances, des légendes, vivantes ou non, passées ou à venir, de cette ville.
2000 : le legs.
Toute clôture, quelle soit dune telle opération ou du deuxième millénaire, se doit de se terminer par une fête, mais aussi par les traces laissées aux ères futures. Cette troisième année aura donc pour ambition de laisser des empreintes plus pérennes pour une meilleure lecture de ce qui sera, dès lors, notre passé. Mais tout çà, cest pour lan 2000...
Pierre Ély